Activité 1 : Lisez le texte de André COMTE-SPONVILLE. Présentations de la Philosophie. (Albin Michel 2000) et répondez aux questions qui se trouvent à la fin de celui-ci.
Avant-propos
« Philosophie ; la doctrine et l'exercice de la sagesse (non simple science). » Kant Philosopher, c'est penser par soi-même ; mais nul n'y parvient valablement qu'en s'appuyant d'abord sur la pensée des autres, et spécialement des grands philosophes du passé. La philosophie n'est pas seulement une aventure ; elle est aussi un travail, qui ne va pas sans efforts, sans lectures, sans outils. Les premiers pas sont souvent rébarbatifs, qui en découragèrent plus d'un.
Qu'est-ce que la philosophie ?. La philosophie n'est pas une science, ni même une connaissance ; ce n'est pas un savoir de plus : c'est une réflexion sur les savoirs disponibles. C'est pourquoi on ne peut apprendre la philosophie, disait Kant: on ne peut qu'apprendre à philosopher. Comment? En philosophant soi-même : en s'interrogeant sur sa propre pensée, sur la pensée des autres, sur le monde, sur la société, sur ce que l'expérience nous apprend, sur ce qu'elle nous laisse ignorer... Qu'on rencontre en chemin les oeuvres de tel ou tel philosophe professionnel, c'est ce qu’il faut souhaiter. On pensera mieux, plus fort, plus profond. On ira plus loin et plus vite. Encore cet auteur, ajoutait Kant, « doit-il être considéré non pas comme le modèle du jugement, mais simplement comme une occasion de porter soi-même un jugement sur lui, voire contre lui ». Personne ne peut philosopher à notre place. Que la philosophie ait ses spécialistes, ses professionnels, ses enseignants, c’est entendu. Mais elle n'est pas d'abord une spécialité, ni un métier, ni une discipline universitaire : elle est une dimension constitutive de l'existence humaine. Dès lors que nous sommes doués et de vie et de raison, la question se pose pour nous tous, inévitablement, d'articuler l'une à l'autre ces deux facultés. Et certes on peut raisonner sans philosopher (par exemple dans les sciences), vivre sans philosopher (par exemple dans la bêtise ou la passion). Mais point, sans philosopher, penser sa vie et vivre sa pensée : puisque c’est la philosophie même.
La biologie ne dira jamais à un biologiste comment il faut vivre, ni s'il le faut, ni même s'il faut faire de la biologie. Les sciences humaines ne diront jamais ce que vaut l'humanité, ni ce qu'elles valent. C'est pourquoi il faut philosopher : parce qu'il faut réfléchir sur ce que nous savons, sur ce que nous vivons, sur ce que nous voulons, et qu'aucun savoir n'y suffit ou n'en dispense. L'art ? La religion ? La politique ? Ce sont de grandes choses, mais qui doivent elles aussi être interrogées. Or dès qu'on les interroge, ou dès qu'on s'interroge sur elles un peu profondément, on en sort, au moins en partie : on fait un pas, déjà, dans la philosophie. Que celle-ci doive à son tour être interrogée, aucun philosophe ne le contestera. Mais interroger la philosophie, ce n'est pas en sortir, c’est y entrer.
Par quelle voie ? J'ai suivi ici la seule que je connaisse vraiment, celle de la philosophie occidentale. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en ait pas d'autres. Philosopher, c'est vivre avec la raison, qui est universelle. Comment la philosophie serait-elle réservée à quiconque ? Qu'il y ait, notamment en Orient, d'autres traditions spéculatives et spirituelles, nul ne l'ignore. Mais on ne peut parler de tout, et il y aurait quelque ridicule, de ma part, à prétendre présenter des pensés orientales que je ne connais, pour la plupart, que de seconde main. Que la philosophie soit exclusivement grecque et occidentale, je n'en crois rien. Mais qu'il y ait, en Occident et depuis les Grecs, une immense tradition philosophique, qui est la nôtre, j'en suis évidemment convaincu, comme tout le monde, et c'est vers elle; en elle, que je voudrais guider mon lecteur.
La philosophie est questionnement radical, quête de la vérité globale ou ultime (et non, comme dans les sciences, de telle ou telle vérité particulière), création et utilisation de concepts (même si on le fait aussi dans d'autres disciplines), réflexivité (retour sur soi de l'esprit ou de la raison - pensée de la pensée), méditation sur sa propre histoire et sur celle de l'humanité, recherche de la plus grande cohérence possible, de la plus grande rationalité possible (c'est l'art de la raison, si l'on veut, mais qui déboucherait sur un art de vivre), construction, parfois, de systèmes, élaboration, toujours, de thèses, d'arguments, de théories ... Mais elle est aussi, et peut-être d'abord, critique des illusions, des préjugés, des idéologies. Toute philosophie est un combat. Son arme? La raison. Ses ennemis? La bêtise, le fanatisme, l'obscurantisme - ou la philosophie des autres. Ses alliés ? Les sciences. Son objet ? Le tout, avec l'homme dedans. Ou l'homme, mais dans le tout. Son but? La sagesse : le bonheur, mais dans la vérité.
En pratique, les objets de la philosophie sont innombrables : rien de ce qui est humain ou vrai ne lui est étranger. Cela ne signifie pas qu'ils soient tous d'égale importance. Kant, dans un passage fameux de sa Logique, résumait le domaine de la philosophie en quatre questions : Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m'est-il permis d’espérer ? Qu’est-ce que l'homme ? « Les trois premières questions se rapportent à la dernière », remarquait-il. Mais elles débouchent toutes les quatre, ajouterai-je, sur une cinquième, qui est sans doute, philosophiquement et humainement, la question principale : Comment vivre ? Dès qu'on essaie de répondre intelligemment à cette question, on fait de la philosophie. Et comme on ne peut éviter de se la poser, il faut en conclure qu'on n'échappe à la philosophie que par la bêtise ou l'obscurantisme.
Il faut donc philosopher : penser aussi loin qu’on peut, et plus loin qu'on ne sait. Dans quel but ? Une vie plus humaine, plus lucide, plus sereine, plus raisonnable, plus heureuse, plus libre.... C'est ce qu'on appelle traditionnellement la sagesse, qui serait un bonheur sans illusions ni mensonges. Peut-on l'atteindre ? Jamais totalement sans doute. Mais cela n'empêche pas d'y tendre, ni de s'en rapprocher. « La philosophie, écrit Kant, est pour l'homme effort vers la sagesse, qui est toujours inaccompli. » Raison de plus pour s'y mettre sans tarder. 11 s'agit de penser mieux, pour vivre mieux. La philosophie est ce travail ; la sagesse, ce repos.
Qu'est-ce que la philosophie ? Les réponses sont aussi nombreuses, ou peu s'en faut, que les philosophes. Cela n'empêche pas toutefois qu'elles se recoupent ou convergent vers l'essentiel. Pour ma part, j'ai un faible, depuis mes années d'études, pour la réponse d'Épicure « La philosophie est une activité, qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse. » C'est définir la philosophie par sa plus grande réussite (la sagesse, la béatitude), et cela vaut mieux, même si la réussite n'est jamais totale, que de l'enfermer dans ses échecs. Le bonheur est le but la philosophie, le chemin. Bon voyage à tous!
Questions
1. Lisez attentivement le texte, en soulignant les mots et les expressions que vous ne comprenez pas.
2. Relevez dans le texte les expressions qui nous disent ce qu'est la philosophie et ce qu'elle n'est pas.
3. D'après le texte, quels sont les ennemis et les amis de la philosophie ?
4. Son objet? Et son but?
5. Cherchez dans le texte les thèmes de la philosophie.
6. À votre avis, tous les hommes sont-ils des philosophes ? Pourquoi ?
Activité 2 : Complétez le tableau suivant à l’aide des explications vues en cours :
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| PHILOSOPHIE | MYTHE | SCIENCE |
Des similitudes | L’objectif |
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Des différences | Type d’explication |
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Faculté de la connaissance |
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Méthode |
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Justification |
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Activité 3 : Lisez attentivement chaque texte et répondez aux questions suivantes :
1. Soulignez de chacun la phrase qui représente mieux l’idée de philosophie.
2. Résumez chaque définition avec vos propres mots.
3. Finalement, élaborez une définition personnelle de philosophie.
Texte 1
« L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser; une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Mais quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu'il sait qu'il meurt et l'avantage que l'univers a sur lui. L'univers n'en sait rien.
Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C'est de là qu'il nous faut relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser: voilà le principe de la morale. »
Pascal, Pensée 200
Texte 2
“El origen del filosofar reside en la admiración, en la duda, en la conciencia de estar perdido. En todo caso comienza el filosofar con una conmoción total del hombre y siempre trata de salir del estado de turbación hacia una meta.
Platón y Aristóteles partieron de la admiración en busca de la esencia del ser.
Descartes buscaba en medio de la serie sin fin de lo incierto la certeza imperiosa.
Los estoicos buscaban en medio de los dolores de la existencia la paz del alma.
Cada uno de estos estados de turbación tiene su verdad, vestida históricamente en cada caso de las respectivas ideas y lenguaje. Apropiándonos históricamente éstos, avanzamos a través de ellos hasta los orígenes aún presentes en nosotros.”
K. Jaspers. La filosofía
Texto 3
“El hombre que no tiene ningún barniz de Filosofía, va por la vida prisionero de los prejuicios que derivan de la "opinión de la mayoría", de las creencias habituales en su tiempo y en su país, y de las que se han desarrollado en su espíritu sin la cooperación ni el consentimiento deliberado de su razón.(…)
Desde el momento en que empezamos a filosofar, hallamos, por el contrario (...), que aún los objetos más ordinarios conducen a problemas a los cuales sólo podemos dar respuestas muy incompletas. La Filosofía, aunque en ocasiones es incapaz de decirnos con certeza cuál es la verdadera respuesta a las dudas que suscita, es capaz de sugerir diversas posibilidades que amplían nuestros pensamientos y nos liberan de la tiranía de la costumbre. Así, al disminuir nuestro sentimiento de certeza sobre lo que las cosas son, aumenta en alto grado nuestro conocimiento de lo que pueden ser; rechaza el dogmatismo algo arrogante de los que no se han introducido jamás en la región de la duda liberadora y guarda vivaz nuestro sentido de la admiración, presentando los objetos familiares en un aspecto no familiar.”
B. Russell. Los problemas de la filosofía.
Texto 4
"Todavía hay quien, de vez en cuando, expresa su añoranza por una filosofía "útil para la vida"; esta postura me parece que encierra un malentendido: la sabiduría en lo que tiene de lucidez y crítica va siempre contra la vida; vivimos a pesar de lo que sabemos, no gracias a ello. No concibo que el pensamiento facilite la vida; la arriesga, la compromete, la zapa en la mayoría de los casos; quizás por eso sea la forma más alta de la vida humana que conocemos, porque es la más antivital, la que nos pone al borde de perderlo todo sin ofrecer nada a cambio, salvo horror, soledad o locura. Pero quien se ha inclinado sobre el abismo, quien ha visto, padecerá por siempre la tentación de volver otra vez a ese punto negro en el que las tinieblas alumbran."
Fernando Savater, Apología del sofista
Activité 4 : Vocabulaire. Élaborez à l’aide de vos propres mots, les concepts suivants :
Mythe, Logos, Archê, Physis, Dogmatisme, Présocratiques , Philosophie, Science.